Mai


Dimanche 8 mai
Levé à l'aube pour retrouver le château d'Au. S'éloigne de moi pour quelques heures le gris fatras de l'obèse Lutèce.
Mercredi dernier, une heure de sommeil sous les cernes et pas un morceau dans le ventre, je fonce au Conseil de Prud'hommes, rue Louis Blanc, pour contrer les abondantes conclusions du suiffeux Lafente, Avocat de son état, sis sur les Champs-Elysées, accessoirement coquin de Caroline Molès, feue conseillère littéraire de la seru.
Ma plaidoirie, je l'ai préparée jusqu'à 5 heures du matin avec Heïm, Hubert et Monique. A l'heure de bafouiller, un sentiment d'angoisse germe comme au temps de mes oraux de droit à la Sorbonne. Je ne suis même pas assuré que le Conseil me comprenne, puisqu’il n’est composé que de boss et de sous-fifres élus, magistrats non professionnels.
Big Média nous mitonne quelques petites drama­turgies de son cru, pas un brin polyphosphatées, tonitruerait Jean-Pierre Coff. Dans le désordre d'un cogito embrumé :
Senna, le fou du volant, ennemi pour rire de l'ascendantal Prost, se reçoit un méchant coup de boule à 300 km/h.
Entre deux massacres, les Africains du Sud jouent aux urnes, projetant le vieux taulard Mandela à la tête du pays. Quelle destinée pour Nelson !
Fanfan Mité et quelques ministres baptisent le Charles de Gaulle, sous-marin dont la carène fait pisser de joie le chaleureux Kersauson : c'est pas un « morutier » ça, crénom !
Avec leur cinéma habituel, le petit Sarkozy et le gros Pasqua, Laurel et Hardy du moment, s'en vont quérir le grand chef, Sage de Matignon, pour entendre sa sentence sur le budget accordé à l'aménagement du territoire. Hugh ! « Laurel et Hardy, sont de bons amis... » On se goure de chanson, là !
Un Malien clandestin, ramassé à la station Porte de la Chapelle, succombe à une crise cardiaque dans les locaux de la police. Sos Racisme, dont les Potes faisaient grise mine, s'essaye à la suspicion de la sale flicaille blanche. Pas de pot les frères-et-sœurs, l'attaque eut lieu avant l'interrogatoire et elle est confirmée naturelle par les médecins légistes.


Lundi 9 mai
Parcours légèrement détourné pour mon retour matinal à Paris : je dois rattraper au vol à Chaulnes une enveloppe, transiter par Amiens, et la déposer à la SNVB avant midi.
Dimanche très bénéfique pour le défoulement constructeur. J'expérimente diverses activités : charriage et étalement de petits cailloux, redessinage de la courbe de l'allée d'entrée, débroussaillement dans le pré et autour du Christ polychrome, tonte sur le gros tracteur rouge rénové, arrachage de pieds de choux, je crois, en grosses épingles montées. Ouf ! ouf ! quelle journée, mes aïeux.
Verte et luxuriante, la propriété s'embellit de plus en plus, dévoilant au détour d'un rayon la magnifique bâtisse qui trône là depuis quelques centaines de printemps.
J'achève la quatrième de couverture de Béthune sous la période révolutionnaire, premier ouvrage à sortir sous ma responsabilité dans la collection des localités sous la Révolution française.
La capitale se rapproche...


Mercredi 11 mai
Une heure du matin. Hier, journée fructueuse pour le projet éditorial sur Valenciennes. Alors que le tissu économique de Béthune ne m'a pas laissé espérer un picaillon, Etienne Gaspard, vieux monsieur amoureux de sa ville et fondateur de la société, première en France pour le matériel de bureau, qui porte son patronyme, m'informe qu'il participera pour au moins 30 000 F à notre initiative. Voilà qui regonfle et redonne un sens à mon action.
Dans le même temps, je reçois les deux préfaces, celle de l'érudit local Philippe L. pour Béthune, et celle du professeur d'Histoire moderne à l'Université Karl de Gaulle - Lille III pour Valenciennes, écrites avec soin et bénévolement. Ces apports contemporains ne pourront que souligner le relief des œuvres du début du siècle.


Vendredi 13 mai
En ce jour de superstition, je reprends mon griffonnage favori. Les dernières interventions se sont épuisées prématurément.
Entre temps, Fanfan Mité nous a fait partager son Happy Birthday présidentiel. Sacerdoce de treize années : rien n'a entamé la vivacité de son rapport au monde. Plus soucieux que jamais des traces qu'il laissera dans le beurre de l'histoire, il peaufine son dernier acte et s’étire avec dextérité entre paternalisme bienveillant et machiavélisme sous-jacent.
L'homme a su satisfaire jusqu'au tréfonds son ambition politique, s’accordant un septennat bis en assumant les contradictions de cette longévité présidentielle. Pour résister aux coups de boutoir quotidiens, aux tentatives de sabordage de son système, aux dénonciations en rafale des noirceurs de son labyrinthique passé, il a parfaitement intégré les propriétés de la toile cirée. L’esprit agile, le caractère déterminé, Fanfan s’est imperméabilisé : et s'écoulent les éclaboussures...
La fin de son immanence se déroule dans la plus confortable des situations : une cohabitation avec le doux Balladur. En mai 95, il quittera son antre, auréolé par une bonne moitié de citoyens.


Dimanche 22 mai
23 heures et des poussières. Lutèce s’offre en nocturne, les degrés se soutiennent suffisamment pour que règne une douceur printanière aux accents orageux. Je décide d'aller faire un tour dans une boîte. Je me suis missionné pour croquer en direct l'ambiance et ses actants. Tout petit bloc-notes en main, cran au côté, Bic armé, esprit à vif, je suis prêt.
Avant tout, éviter de fondre devant les minois plus ou moins frais, jeunesses éphémères en chemin pour la ménopause.


Après quelques détours dans le cloaque métropolitain, me voici bon premier à l'Aquarium. Le genre du lieu est coquet : lumières fusantes, feutrées pour l'essentiel, néons phosphorescents pour créer l'irréalisme enchanteur, les serveuses, ouvreuses, délicieuses matelotes aux formes adorables, d'autant plus embellies par le flou régnant.
La salle accueille ses premiers visiteurs. Rares sont les solitaires comme moi. Donzelles et jeunes loups prennent place sur les jolis petits fauteuils velours rouge. Début sage, classique, qui se pimentera, la nuit s'épaississant et l'alcool diffusant ses excitants aux neurones. A noter : trio de branleurs épinglés impeccables, sans aucun doute prêts pour la chasse.
Précoce début, la danse vient de trouver ses premières incarnations, avec notamment un talentueux petit basané aux poteaux agiles. A-y-est, quelques demoiselles roulent du popotin. Je reviens, il me faut m'ébattre...
Quelques déhanchements plus loin, la piste s'est pour le moins peuplée. Est-ce la douceur des feux, mais les bonnes bouilles rivalisent de présence.
Loin de moi, les châteaux, la noblesse d'âme, l'abnégation quotidienne ; tout proche l'artifice. Une belle rythmique fait jour, il faut que les jambes reprennent le dessus.
L'illusoire germe comme le Satyre puant à la rosée. Aucun crédit ne peut être accordé à une quelconque marque d'intérêt qui peut nous être portée. Agiter ma bille sur ces feuillets me rassure sur une lucidité qui subsiste entre les tympans défoncés.
Quel curieux besoin de tourner du cul au milieu d'inconnus. Sain ou malfaisant penchant, il reste à espérer que cette putain de civilisation ne va pas s'abrutir par le règne ludique. Ces cycles infernaux, qui conduisent les tonnes de fœtus vers la pourriture, accordent à chacun d'entre eux quelques excroissances jouissives.
Petiot, une formule me revenait comme un leitmotiv : « Voici ce que j'ai à vous dire : en ce monde inerte, tout paraît plausible. Ne vous y fiez pas trop. La seule entente possible entre nous sera de nous comprendre ou de nous tuer ! ».
Quelques volutes échappées de la bouche d'une jeune fille. Les traits de cette sirène de nuit dégage l'harmonie rêvée. Encore une vision, à jamais perdue, qui rejoint les fosses insondables des déchets de l'irréalisé.
Le Mia des crasseux marseillais excite la foule du lieu, la piste déborde des entités suantes. Pour tous nos philosophes nouvelle cuvée, un sujet à gratter d'urgence : la décontraction humaine dans les mégalopoles.
Les décibels flirtent avec les sommets, au point de contraindre le cœur à tressauter au rythme de la mélodie en cours.
Passage techno : musique hormonale par excellence, elle provoque des trépidations corporelles. Pour la subtilité de la réflexion, je subodore les conséquences liquéfiantes.
Etuve chauffée du jeune monde en transes : on imagine aisément le plaisir paroxystique de l'allumé psychotique déterminé au massacre à la Rwandaise. Les flashes blancs découvriraient quelques viscères au rouge. De la mélodie organique pour fêlé du ciboulot.
Le monde est compact, les délires plus prononcés. Chacun joue son vedettariat local et éphémère, chacun tente d'accrocher quelques soupçons de divertissement, alors que quotidienneté et médiocrités accumulées sont un instant oubliées.
La libération féminine, quelle trouvaille !
Là se ruent toutes les pulsions qui se seraient nécrosées en blasement.
Quelques figures résistent à l'attirance extatique et, ô surprise, je viens de discuter avec deux charmantes demoiselles, dont l'une est danseuse dans la troupe de Béjart (si j’ai bien entendu). Impressions sur ce monde curieux et inhabituel...
Encore une fois, je sombre trop facilement dans le pessimisme systématique. Ces deux jeunes filles, aux allures très juvéniles, sont intéressées par mon activité insolite dans ce sanctuaire de la défonce physique. Moi, je me limite à la galvanisation des axones et à l'agitation chirurgicale de la main gauche.
Aparté sur l'actualité : Fanfan Mité nous a encore une fois gravi la Roche de Solutré. Un pèlerinage annuel pas très bavard pour les potes de Fanfan et les mystiques du mitterrandisme...

Ce soir, encore une fois, le Rwanda à l'honneur sur les planches de Big Média avec ses monceaux de cadavres. Le reportage de TF1 montre en préliminaires les beautés du pays avec ses chutes abondantes, sa nature grasse et féerique. L'image suivante cristallise d'un coup la nausée : des corps d'hommes, de femmes, d'enfants et de vieillards nus flottent, charognes imbibées, dans les eaux bouillonnantes. A hurler, à crever de douleur, tellement l'outrage à la nature humaine est profond. Barbarie programmée, massacres systématisés : il nous faut bouffer de ces irréductibles bastions de charcutage pour saisir le penchant premier de l'homme et admettre que cette déliquescence peut atteindre et anéantir n'importe quelle civilisation, quel que soit le stade de son évolution.
Griffonner, au rythme des balancements endiablés, sur ce drame directos issu de la Terreur la plus définitive : pour un contraste, il est maousse, mes frères. Confortable sous les sunlights, je songe aux épreuves morbides de ce peuple.
Ici on danse, on boit, on fume, on s'observe pour l'éventuelle fornication, on cultive ses plaisirs. Là-bas, on n'attend que la seconde qui suit pour éviter de rejoindre les charniers flottants ou les à-côtés cadavériques. Atrocités qui hantent tout un chacun.
Nous avons aussi notre lot d'horreurs au seuil de la cee. La feue Yougoslavie connaît toujours de funestes soubresauts.
Et Prince bat la mesure. Les Kiss ont leurs contrées de prédilection, les coups de machettes ont les leurs. A chacun ses dérives...
L'aube va bientôt poindre. Seuls ces quelques feuillets resteront de cette nuit.
Tonalité romantique : cycle des slows pour la langueur des rencontres. Que se prélassent les corps avant leur flétrissement.
Phil Collins m'inspire jusqu'à la glotte. A côté, deux beaux morceaux élancés jusqu'au bout des chevilles, au contact facile : l'une de ces nanas s'élance vers une perle noire, la beauté faite négresse, et tout de go lui tient conversation sur la piste. Il faudrait à ce moment l'extirper de ce rôle prestatif et déshumanisé pour tenter de mettre à jour ses points de sensibilité et d'intelligence. Féminité, elles en ont les lignes du corps, mais en aucun cas le comportement et la psychologie.

Vendredi 27 mai
Nuit blanche pour l'écriture dans le rythme. Avantage des décibels : l'inspiration ne s'épuisera pas dans un sommeil prématuré.
L'actualité, au contraire de ce lieu ludique, ne s’accommode pas d'une béatitude ronronnante. B.-H.L., l'échevelé penseur, bouscule les quelque peu rances transes de la campagne pour les élections européennes. Face à des enjeux sans envergures, à l'image de l'apathique Delors, les intellectuels activent le branle-bas de combat avec « L'Europe commence à Sarajevo ». Ils stigmatisent ainsi le seul point qui vaille une mobilisation : les luttes dans la feue Yougoslavie.
A côté de cette défonce sans vergogne, les trips sous terre se poursuivent. Lente agrégation des formes à la techno mesure.
Rien, dans les perspectives proposées, n'encourage à la sérénité. La civilisation s'use par l'immobilisme génétique de l'homme. Le conditionnement du carpe diem, plaisir immédiat dans la superficialité, s'enracine sans mal dans le ciboulot des peaux fraîches, sans espoir d'irrigation de sang neuf. Même les carnages humains ne suffisent pas à faire naître de puissants fondements. L'agitation cadavérique, voilà ce qu'il reste du bon sauvage. Les chevilles fines, le galbe bien dessiné, la taille à déhancher, et une intelligence à l'émoi éphémère qui flashe au gré des évacuations de Big Média. L'inconscience alliée au ludisme effréné sont porteurs d'une déliquescence irréversible des êtres et des systèmes.
Amusez-vous, braves gens, tant que la barbarie n'a pas éclaboussé votre seuil !
La race des mastodontes sur piste et dans le caillou est à tirer au gros calibre. Clauclau est lui toujours à l'honneur dans ce Temple de la décontraction.
Revenons aux petits événements nationaux.
Plus martyr que jamais, la belle bête Tapie s'ébroue face aux attaques tant qu'une énergie salvatrice lui reste. Les commandos en mission pour sa lapidation rivalisent d'efficacité. Enième réclamation de levée de son immunité parlementaire. Tapie est logé à la même enseigne que Le Pen. Normal : deux figures épaisses du coffre. La capitulation de l'affairiste, si elle devait avoir lieu, n'aurait sans doute pas les allures d'une cervelle brûlée sur les rives d'un coin d'eau...
La rançon du vedettariat, de la starisation, a l'abondance des bonnes récoltes. D'un côté, les coups de boutoir judiciaires, avec leurs insinuations feutrées et leurs éclats terrorisants, de l'autre l'écho médiatique qui compose sa mixture quotidienne au gré des polémiques et de l'imagination des actants.
Mon activité éditoriale, axée sur l'exhumation d'œuvres traitant des dérives de la Révolution française, notamment les rougeurs de la Terreur, trouverait dans l'actualité toute la matière pour la combler.
L'entêtement des humanistes à ignorer qu'un ordre fort doit canaliser les penchants massacreurs de l'humanoïde les rend complices des cycles hygiéniques des bains de sang.
A quoi bon avoir mis fin à certains Etats forts d'Europe de l'Est. Combien les peuples, la base peu soucieuse d'une liberté d'expression, vivaient alors plus sereinement. A ma connaissance, aucun journaliste n'a souligné clairement le calvaire de la démocratisation chez des populations figées dans les rancœurs ethniques. Il n'y a qu'un pas pour l'apologie du totalitarisme dans ces situations de violence inextricable. Certes, ce système a ses exclus, ses têtes de Turc torturées dans les cul-de-basse-fosse. Mais le gros du bon pôple peut compter sur une sérénité quotidienne, avec toit et nourriture.
L'aura du démocrate, dans ces contrées immatures, est une couronne mortuaire.
« La liberté pour quoi faire ? » interrogeait Bernanos. Poser le problème de l’incapacité de certains peuples à assumer une liberté, à certains moments de leur histoire, relève de la simple honnêteté intellectuelle.
Pourquoi donc la monomanie des Droits de l'Homme est-elle clamée comme indispensable, alors que pour beaucoup seul le vital doit être assuré ? La conscience de chacun reste intouchable, seule son expression peut être régentée. A quoi bon tous ces droits ? Les devoirs méritent bien plus d'attention pour que s'épanouisse l'harmonie tant espérée du monde. La liberté pour soulager l'ego de quelques-uns ou pour combler un besoin tiraillant de la piètre nature humaine ? Evidence, la liberté ne s'assume pas sans apprentissage.
On me taxera de tous les démons : nazillon, fachillon du plus rebelle poil. Fanfaronnades en forme d'anathème d'esprits déficients, trop bien moulés par l'ambiance fin de siècle pour pouvoir péter les carcans idéologiques. Trop souvent le trompe l'œil règne en parangon de l'Information et de la cause communément entendue.
Les déviants mènent le jeu. Toute tentative de révolte, même accompagnée d'excessives destructions, n'a qu'une illusoire résonance. Une fois mortifiée la passion pour les Mai 68 éphémères, les règles des tristes sires submergent à nouveau les croûteux dégingandés.
Et quoi d'neuf, Fanfan Mité ? Va bien, notre Président. Point d'angoisse existentielle pour le vieil homme comblé. Il titille ça et là dans ses domaines constitutionnels et laisse doucement venir à lui la fin de son règne. Va, Fanfan, rejoindre les illustres...

Dimanche 29 mai
Peu de sable que le 28 s'écoule. Karl et moi en mission sociologique à La Loco de Saint-Quentin. Pour ma pomme, comparaison avec la parisienne sur l'inspiration qu’elle engendre.
Les grandes pistes sont encore en berne, l'heure n'étant point encore assez avancée.
Les têtes éclatent dans les chaudes contrées du caillou ; ici on se limite au trémoussement focalisé dans le bas-ventre.
La Loco a des accents plus populaires que mon Aquarium préféré.
Qu'une petite piste pour toute cette jeunesse en mal de trépidations. Faites un effort Monsieur Loco.
Sortons du cadre paillettes et flonflons pour noter une actualité marquante. Le vieux Soljenitsyne s'en est retourné dans sa froide patrie, et en loco. s'il vous plaît ! Retrouvailles avec d'anciens camarades de camps.
Le patriarche s’était promis un enterrement dans les terres interdites. La parole et les écrits auront enfin triomphé face au rouleau compresseur communo-stalinien et à son armada de moyens exterminateurs.
La grande piste a ouvert ses rideaux noirs et le monde s'est engouffré, jolis culs devant.
L'éclatement cool traîne nos mœurs dans la fange légère. Distraire le peuple et canaliser son énergie toujours dangereuse pour le système en place. Vieille ficelle, et pourtant toujours à la pointe de la manipulation de masse. Le religieux, le ludique, le sportif, tant de déviances salutaires pour les potentats. Le nihilisme trace ses anéantissements, et pour le commerce, quels juteux profits à réaliser. N'oublions jamais que les coquins s'assemblent.
Un peu de moi-même pour changer de perspectives. Comment les projections de mon avenir vont-elles s'illustrer ? Mal barré pour la réussite illuminatrice. Non point, sans jouer à l'immodeste, que les capacités me manquent, mais la braise interne est aspergée.
Réagir pour conserver quelque espoir de parvenir à l'épanouissement conventionnel. Je n'y crois plus trop. Des ersatz, voilà tout ce que je pêche au vol. Les renoncements se multiplient à la façon du liseron. La rengaine du paradis perdu, amour, travail, et pourquoi pas famille-patrie, tout se colore de médiocres teintes criardes. L'âge du pastel est révolu pour moi. Seule cette petite capacité à griffonner me sauve de l'indifférencié, né pour crever dans l'ignorance universelle. Utiles épanchements ou lamentations encombrantes, voire obscènes ?
La tranche de slows feutre les effusions de sueur. Il ne me reste qu'à me charcuter pour mieux me connaître. Rien ne doit échapper à l'analyse tranchante de mon état et du parcours improvisé.

Lundi 30 mai
Retour à Lutèce pour une nouvelle semaine que j'espère fructueuse en affaires et en amour, hé hé !
L'expérience de Valenciennes m'a convaincu de la nécessité de rencontrer physiquement les responsables municipaux pour mener à terme, dans un contexte favorable, un projet éditorial saupoudré de sponsoring. Pour que s'ouvrent largement les bourses économiques, je dois m'investir corps et âme, jouer de ma bouille et de ma jeunesse. La passion a toujours mené le monde.

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